Le Répertoire spécifique, une démarche exigeante et rigoureuse (webinaire Centre Inffo)
Avec un taux de refus de 80%, les dossiers d’enregistrement au Répertoire spécifique (ex-Inventaire) posent des questions stratégiques à l’appareil de formation. Souvent sous-estimées, les nouvelles règles imposent une démarche rigoureuse d’adéquation avec les besoins des utilisateurs et une ingénierie exigeante. Des enjeux décryptés lors d’un Webinaire organisé par Centre Inffo le 20 mai dernier.
Près de trois ans après le déploiement de la refonte des certifications professionnelles, l’esprit et les nouvelles règles d’enregistrement au Répertoire spécifique (RS) n’ont pas encore été apprivoisés. En effet, 80% des dossiers ne passent pas la phase d’instruction pilotée par les équipes de France compétences. A moins d’un an de l’échéance du renouvellement des certifications inscrites à l’ex-Inventaire, le constat est préoccupant. Pour beaucoup d’organismes de formation, le RS représente un préalable indispensable pour se positionner sur le CPF (compte personnel de formation). La marche à gravir pour obtenir ce précieux sésame est souvent sous-estimée. C’est ce que le Webinaire organisé par Centre Inffo le 20 mai dernier a mis en lumière. Le directeur de la certification professionnelle de France compétences, Mikaël Charbit, tient à rappeler le sens de la refonte des certifications professionnelles. « Les organismes de formation doivent se concentrer sur les besoins des entreprises et des personnes. Cette adéquation représente un levier stratégique de lutte contre le chômage structurel.» Au cœur des attendus du régulateur, cette exigence d’utilité économique et sociale de la certification doit être le point de départ de la démarche d’enregistrement.
Répondre à un besoin du marché
Maîtriser le périmètre d’une certification au RS et démontrer sa valeur d’usage font partie des premiers obstacles sur le chemin de l’instruction. Selon France compétences, 50% des dossiers bloquent sur ces deux points. « Le Répertoire spécifique couvre des groupes de compétences homogènes autour des habilitations, des compétences transversales et des compétences complémentaires à un métier », rappelle Valérie Hellouin, consultante senior à Centre Inffo. La maille ne doit pas être trop fine. « Le contenu doit présenter une plus-value sur le marché du travail pour l’actif », précise Mikaël Charbit. Pour ne pas faire fausse route, mieux vaut se détacher de son catalogue de formation et se poser la question de son intérêt sur le marché. Ce travail construit les fondations d’une certification au RS. Il peut être long. « Pendant une année, nous avons réalisé une enquête auprès des acteurs, conduit une dizaine de séminaires et procédé, depuis, à une veille permanente des besoins », témoigne François Longérinas, directeur de l’Ecole des métiers de l’information.
Démontrer la valeur d’usage
Même approche au sein du réseau de CCI (Chambres de commerce et d’industrie) France. « Le point de départ, c’est l’entreprise et l’identification des compétences des collaborateurs », confirme sa responsable du pôle formation, Astrid Destombes. Une fois le besoin identifié, reste à rassembler des éléments de preuve de son utilité. « Il ne suffit pas de déclarer. Il faut produire de la donnée pour l’objectiver », insiste Valérie Hellouin. « Les sources peuvent provenir d’études, d’articles de journaux, de témoignages d’employeurs ou encore de retours de titulaires de la certification. Il est également important de s’assurer que la certification ne fasse pas doublon dans l’offre existante du RS », précise Lorraine Gridel, responsable développement au sein d’Apave Certification. On le comprend, l’enregistrement d’une certification au RS doit se justifier au regard de sa valeur d’usage sur le marché. Un point crucial aux yeux de France compétences. « Sur les 2 400 certifications enregistrées aujourd’hui, seules 1 500 sont recensées par la CDC (Caisse des dépôts et consignations) sur la plateforme du CPF. Cela pose question », note Mikaël Charbit.
Une ingénierie et une écriture exigeantes
Autre point de rupture par rapport aux règles d’enregistrement de l’ex-Inventaire, les exigences en matière d’ingénierie de certification et d’écriture ont été renforcées. « Il faut bien comprendre les codes. Il s’agit, par exemple, d’utiliser des verbes d’action à l’infinitif et de proscrire le participe présent », précise François Longérinas. La rigueur préside à la construction des deux référentiels, de compétences et d’évaluation. « Les exigences en écriture du RS se rapprochent désormais de celles du RNCP. On peut passer beaucoup de temps sur une phrase », confirme Astrid Destombes. Les modalités d’évaluation, très regardées par France compétences, peuvent prendre diverses formes : QCM, en situation de travail ou encore par le passage devant un jury. Le régulateur s’attachera à la cohérence du process dans son ensemble et à sa robustesse. La refonte des certifications professionnelles portée par la réforme de 2018 s’exprime avec force dans la montée en compétences exigée par l’enregistrement au RS.
Tout savoir sur les nouvelles règles d’enregistrement aux répertoires nationaux
Par Catherine Trocquemé – Le 25 mai 2021.
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